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La Mer(e) c’est l’histoire

L'exposition « La Mer(e) C'est l'Histoire » tire son nom et son inspiration d'une part de la relation analogique que nous autorise en français comme en créole l'homophonie entre Mer et Mère et, d'autre part, de la rencontre entre différentes œuvres poétiques, artistiques et littéraires de l'air caraïbéen.
La Mer

L’exposition « La Mer(e) C’est l’Histoire » tire son nom et son inspiration d’une part de la relation analogique que nous autorise en français comme en créole l’homophonie entre Mer et Mère et, d’autre part, de la rencontre entre différentes œuvres poétiques, artistiques et littéraires de l’air caraïbéen.

La première rencontre, c’est une citation du magnifique poème de l’écrivain trinadadien Dereck Walcott « The Sea Is History, bone soldered by coral to bone, « La Mèr(e) c’est l’Histoire ».

La deuxième, c’est la sculpture de l’artiste martiniquais Henri Guédon « La Gardienne de vie » sur le socle duquel nous lisons « Dis-le à tes enfants ».

La troisième, c’est le symbolisme de la mer si souvent évoqué dans la poésie hébraïque et apocalyptique (Psaume 107:23-29; Ezéchiel 26 ; 27 ; 28 ; Apocalypse 13 ; 16 ; 18 ; 21).

Enfin, la dernière source d’inspiration de cette exposition, c’est l’imaginaire de la mer chez les écrivains créoles qui sourd dans toute la littérature antillaise et mis en valeur par Philippe Chanson et Véronique Bonnet. Ce thème de la Mer a été repris par le cinéaste martiniquais Guy Deslauriers dans un film le « Passage du Milieu ».

LES NIVEAUX DE SENS :

Ainsi c’est de l’emmêlement littéraire, artistique et poétique que l’exposition « La Mèr(e) c’est l’Histoire » offre, aux visiteurs différents parcours de sens sur la mer(e) comme indissociable à la traite et à l’esclavage des Noirs.

1er niveau :

Parcours de sens basé sur une évocation historique de la traite et de l’esclavage des Noirs et de leurs abolitions dans les territoires français à travers la figure de la mer et de la femme. Elle place au centre deux fondamentaux socio-anthropologique de la mémoire antillaise de l’esclavage.

L’un naturel, c’est une représentation dramatique de la traversée de l’océan Atlantique par les négriers, The middle passage (ou  » Le passage du milieu « ), et l’autre biologique la femme-mère, la femme-noire dans sa tragédie et son combat pour sa postérité à l’exemple de la Mulâtresse Solitude (1772-1802), né d’un noir et d’une blanche, ou d’un blanc et d’une noire est l’une des principales représentantes.

Il est communément admis par les historiens que dans certaines régions, les femmes tuaient leurs enfants avant d’être prises ».

2ème niveau :

Parcours de sens basé sur une évocation thématique qui fait le lien entre l’histoire et l’actualité de cette question aujourd’hui. Le rappel de l’histoire de l’esclavage ne doit pas faire oublier la persistance de l’esclavage qui sévit encore dans bien des parties de notre monde sous de nouvelles formes.

Par exemple, le travail forcé touche des millions d’hommes, de femmes et d’enfants à travers le monde. Selon l’Organisation internationale du travail,  » le trafic des femmes et des enfants, essentiellement pour la prostitution et les travaux domestiques mais aussi pour le travail dans des ateliers où ils sont exploités, c’est dramatiquement accru dans le monde au cours des dix dernières années « .

Ce phénomène reflète et renforce souvent les stéréotypes raciaux (Unescopresse).

3ème niveau :

Parcours thématique qui fait le lien entre cette histoire et le message biblique à travers le thème de la présence et l’absence de la mer dans l’Apocalypse. L’auteur du livre évoque à travers l’expression  » nouveaux cieux  » et  » nouvelle terre  » la nouveauté radicale et totale que Dieu inaugure.

Il invoque également la mer (Apocalypse 21, 2) qui dans l’Orient Ancien peut, en effet, symboliser le lieu d’habitation des monstres, des puissances du mal. C’est la demeure de Rahab (Isaïe 51, 9-10) ou de Léviathan (Isaïe 27, 1 ; Job 7, 12 ; 26, 13 ; 40, 25).

Elle symbolise donc le lieu des forces du mal, du chaos primitif. En Apocalypse, c’est de là que surgissent le dragon et ses suppôts, symboles des forces du mal (Apocalypse 13). Mais Elle n’est pas renouvelée comme le sont le ciel et la terre (Apocalypse 21. 2). Les forces du mal sont radicalement supprimées.

4ème niveau :

Parcours thématique qui pose aux Eglises protestantes évangéliques la question de son rapport à l’histoire et le regard théologique qu’elles peuvent porter sur cette histoire. C’est une façon aussi d’aider les Protestants à renouer et à revisiter cette partie d’une histoire où ils ont souvent été les premiers à se dresser contre la traite et l’esclavage des Noirs.

En France, on cite la figure emblématique de Victor Schœlcher, le républicain, sans oublier que beaucoup de croyants se sont aussi engagés dans cette lutte.  Il suffit également de nommer le pasteur réformé de conviction évangélique Guillaume de Félice qui s’est engagé avec détermination en faveur de l’abolition de l’esclavage, mais dont on a malheureusement oublié le nom et le combat de cet abolitionniste protestant.

On peut encore citer quelques noms illustres : le Quaker Antoine Benezet, William Wilberforce, Thomas Clarkson, Guillaume de Félice qui au nom de leur foi en Dieu ont profondément influencé la société européenne et américaine.

L’historien, Olivier Pétré-Grenouilleau, spécialiste de la question des traites négrières montre que contrairement à ce que l’on dit, l’esclavage n’a pas été aboli, parce qu’il serait devenu moins rentable à cause de la révolution industrielle. Il affirme :  » l’abolition est due au grand réveil religieux : sous l’impulsion des pasteurs, des centaines de milliers d’Anglais signent des pétitions contre l’esclavage « .

Ce sont d’abord des croyants, et souvent de conviction évangélique, qui ont milité en faveur de l’abolition de l’esclavage, en Angleterre, qui était la première puissance économique au XIXe siècle.

Le mot du photographe

C’était en novembre qu’un chercheur en sociologie du CNRS venait vers moi avec un projet sur l’esclavage. Il s’agissait en fait de retracer certains moments forts de cette terrible page de notre histoire.

Comme le projet ne consistait pas seulement dans une exposition de photos, mais comportait aussi des interventions d’historiens et de sociologues, tout en s’achevant par un concert gospel, j’avais devant moi un nouveau défi.

Le grand défi était de mettre sur photo des faits historiques et des sentiments durs, comme la mère qui tue son enfant pour ne pas le laisser emporter par les marchants d’esclaves. Ou encore ces derniers qui tuaient eux-mêmes les enfants en dessous de six ans, car le risque qu’ils meurent lors de la traversée était grand et il n’y avait alors pas de gain à faire.

« La Mer(e) C’est l’Histoire ». Ce titre de l’exposition fait donc allusion à la mer qui est devenu pour beaucoup d’hommes et de femmes leur tombeau, mais aussi la mère est la maternité. La vie qui devient la douleur de la séparation, la rébellion et la liberté. Il était aussi important que l’exposition donne de l’espoir pour l’avenir et fasse place aux débats. Aux alentours de ce colloque (intitulé : Christianisme, Esclavage, Liberté et Mémoire) est aussi retracée l’histoire du gospel, fortement lié aux hommes et femmes esclaves.

C’était à peu près ce que je devais mettre en image. C’est alors que j’ai essayé de développer une exposition et je propose une vingtaine d’images. Je vous en envoie une grande partie dans ce dossier. L’expo se fera en deux temps. D’abord une partie en noir et blanc (dans les tons chauds sépia) pour mettre en image la souffrance et dans un deuxième temps des images en couleur qui en partie reprennent les thèmes de la première partie, mais cette fois avec le but de lancer le débat et d’ouvrir un nouvel horizon.

Andre Letzel – Photographe

André Letzel

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